Lumi-veg est une série composée de trois sculptures lumineuses. Il s’agit de fûts d’acier rouillés, découpés au laser et éclairés de l’intérieur par des lampadaires. Les ajours ménagés dans les fûts leur confèrent l’apparence de troncs d’arbres.

 

Au XIXe siècle, l’exode rural déclenché par l’industrialisation des villes européennes et américaines transforme la perception des citadins pour le vivant. Le développement industriel des techniques de verrerie et de fonderie autorisa artistes et ingénieurs à créer des objets d’apparence biomorphiques, dont la structure était autrefois difficile à imiter. En incorporant des dessins organiques, familiers, aux produits de consommation de l’ère industrielle, les artistes et les artisans du XIXe siècle inventèrent des images au sein desquelles le mécanique et le vivant connaissaient une existence harmonieuse. Ces artefacts conjuraient pour leurs contemporains l’évolution violente du paysage urbain, dont la nature avait été expurgée, ou ramenée au sein d’enclos.

 

Cette indétermination entre le naturel et l’artificiel, le vivant et l’inerte participa de l’émergence d’une nouvelle esthétique, décriée dès son apparition pour son « inauthenticité ». Les catastrophes écologiques qui scandent l’actualité contemporaine accroissent la distance qui nous sépare d’un hypothétique état de nature. Les enjeux esthétiques des débuts de l’ère industrielle trouvent pour ces raisons un nouvel écho.

Les machines à commande numérique constituent un outillage permettant de créer des registres de formes inédites, présentes dans le vivant et autrefois impossibles à réaliser industriellement (l’impression 3D autorise par exemple la création de structures alvéolaires). La découpe laser permet quant à elle de reporter aisément un dessin sur une contre-forme.

 

Les fûts d’acier sont ajourés afin qu’il soit possible de leur rapporter trois espèces arborescentes distinctes. Un platane, symbole de régénérescence chez les Grecs anciens est accompagné d’un acacia, signe de renaissance dans la tradition judéo-chrétienne, et enfin d’un bouleau, figure de la sagesse dans le folklore celte.

 

Pris ensemble, ils évoquent la possible réactualisation de l’humanisme à l’époque contemporaine, et l’idéal d’acculturation, de polymathésis (de culture universelle), qu’il représentait, un idéal réinvesti alors que la crise écologique contemporaine appelle des expertises extrêmement diversifiées pour la mander.

  •  

  •  

  •  

  •